Témoignages Musique en Pédiatrie

 

« Monsieur le Directeur,

Je me permets de vous adresser la présente afin de vous remercier et de vous féliciter pour l'option que vous avez créée dans votre école de musique. En effet, mon fils, âgé de plus de dix mois, avait dû être hospitalisé à Sélestat, fort heureusement pas pour une raison très grave. II a quand même dû bénéficier de quelques soins désagréables. De surcroît, il était cantonné à rester dans sa chambre pour éviter de contaminer les autres enfants. C'est alors que les élèves de votre école sont apparus comme un soleil et ont apporté chaleur et gaieté. Je n'oublierai jamais les yeux de mon fils lorsqu'il les a vu jouer et chanter. II n'y a aucun mot qui puisse décrire ce que ces trois élèves nous ont offert ce jour là. J'en suis encore émue. C'est pourquoi, je tenais à vous encourager dans ces actions et à exprimer toute ma gratitude à vous ainsi qu'à vos élèves. »

Judith Thirion, Maman

 

« Depuis un certain temps, nous avons déjà de la musique à l’hôpital par des magnétophones, mais l’arrivée des musiciens est une arrivée de vie, une arrivée de personnes qui avec leurs sentiments, leur personnalité font un passage auprès de l’enfant bien au-delà de la musique. Et il y a cet échange entre les musiciens, l’enfant et les parents mais surtout entre la musique et le regard de l’enfant, le sourire, la façon d’appeler autre chose et je crois que ceci est bien supérieur à un simple magnétophone.[ ] L’idée d’impliquer, au-delà des musiciens, l’équipe soignante et les parents est fondamentale. S’il y a simplement de la musique autour de l’enfant, c’est très bien, mais si des parents participent, si des soignants participent, cela crée non seulement un bien-être pour l‘enfant mais une dynamique pour le groupe qui se répercute de nouveau sur l’enfant. Et ce cercle qui se boucle grâce à la musique est essentiel pour la qualité du soin. »

Michel Fischbach, Médecin Pédiatre, Chef du Service Pédiatrie 1,

Les Hôpitaux Universitaires de Strasbourg

 

« In the hospital, in general, when there is a musician around, you notice that there is a special attention and improvement in the communication and attention to anything that is a kind of noise. Therefore music in the hospital is not just a sound that could be produced by a radio or a music broadcast into the rooms, but rather the musician or player is very important in the way that he or she integrates in the hospital life. As such the musician is not just someone who plays but a professional who knows the music and knows how to adapt it, how to integrate it with the various moments of the therapy and healthcare within the hospital at any given time.» Paolo Busoni, Médecin Anesthésiste, Chef du Service de la Douleur, à l’Hôpital

Pédiatrique Ana Meyer de Florence, Italie

 

« In all the services we were able to visit, we saw the collaboration between the musicians and hospital staff, between the musicians and the children. Even with premature children we saw some interaction, psychological or sentimental interaction, but in all the children, we clearly saw the sentimental interaction. It was obvious that the music does them good. I’m impressed ! I enjoyed it so much. I hope it will be possible to do this work in all hospitals in Europe. »

Panagoula Mammi, Médecin Anesthésiste, Chef du Service d’Anesthésie à

l’Hôpital Reine Sophia d’Athènes

 

« Ce que je relève surtout c’est que c’est une musique qui n’est pas une musique/concert, une musique/représentation mais une musique/relation. C’est un baume, c’est quelque chose qui fait du bien. C’est quelque part du plaisir également et je crois qu’à l’hôpital, on peut aussi vivre ça. »

Sandra Ridon, Cadre de Santé du Service des Urgences Pédiatriques,

Centre hospitalier Universitaire de Strasbourg

 

« Je vois la réaction que ça entraîne sur les autres, on avait des visages fermés, les musiciennes se sont arrêtées un moment devant le bureau des infirmières et on a vu les visages s’ouvrir et se détendre et rien que pour ça c’est déjà une bonne chose. »

Elisabeth Matter, Cadre de Santé au Service Orthopédique Pédiatrique, Les

Hôpitaux Universitaires de Strasbourg

 

 

 

QUAND LA MUSIQUE EST BONNE...

« Premières impressions.

Un vendredi de novembre. Je suis dans ma boite en plastique, comme tous les jours depuis que je suis sorti de cette piscine chaude et agréable qu’ils appellent ici la CAVITE AMNIOTIQUE. D’ailleurs, j’en ai un peu marre d’être enfermé. Apparemment, je suis encore top petit pour être comme mon copain d’en face dans un petit lit. Enfin ! Ce jour-là, il s’est passé quelque-chose de mystérieux : d’habitude, je n’aime pas trop le matin, surtout le vendredi, car toujours les gens en blanc ouvrent grand les portes, m’enveloppent dans un drap blanc, comme pour que je leur ressemble. Ils me parlent doucement, me caressent un coup, me donne à boire un truc très sucré, c’est bon mmmh, et puis d’un seul coup, j’entends « je pique ! », et là aïïïïïe, ils m’enfoncent un truc dans la peau, enfin bon, je n’aime pas les vendredis. Mais cet après-midi là, j’ai vu venir plein de gens verts... J’aime bien les gens verts, maman et papa quand ils viennent ils sont verts aussi, toujours, et j’aime quand maman et papa sont là. Mais là, je n’ai pas reconnu leurs voix. Et pourtant, j’ai entendu une voix douce, si pure, qui faisait accourir les gens en blanc, non, un air agréable, une musique. Alors je me suis arrêté de râler que j’en vais marre d’être dans ma boîte en plastique, pour écouter. J’ai entendu alors un autre son, tout doux aussi et qui allait bien avec l’autre voix, tout près de moi. C’était d’abord très rigolo, ils parlaient de « rock’n’roll des gallinacés », j’ai souri, alors eux aussi les gens en vert ! Puis après, c’était cool, d’ailleurs je crois bien que je me suis endormi, tout doucement et j’ai fait des rêves agréables, même que j’ai senti l’air qui vient dans mon nez par un tuyau en plastique qui me gêne, et bien cet air était moins fort, et cette fois, la machine n’a pas sonné !

Maintenant, j’aime bien les vendredis... »

C’est ainsi que j’imagine la réflexion du bébé prématuré en couveuse lorsqu’il a la chance de pouvoir bénéficier du talent de Fanny et Julien, qui viennent dans le service de soins intensifs pour nouveau-nés, tous les vendredis... En effet, non seulement cet air musical qui plane dans l’unité donne toute une autre dimension à cet univers agressif malgré lui, de part l’activité qui y règne, le bruit, présent, pas toujours agréable, mais en plus j’ai constaté à plusieurs reprises un réel effet thérapeutique sur le tout-petit, celui qui a parfois besoin d’oxygène, celui qui n’est pas autonome. Notamment, on a remarqué que l’on pouvait baisser le débit d’oxygène chez certains enfants en présence des musiciens. De même, ceux qui ont tendance à faire des apnées, en faisaient moins. Par ailleurs, ils manifestent tous leur intérêt, on les voit tout à coup attentifs, ils ouvrent les yeux et écoutent ou alors s’endorment paisiblement et profondément.

La musique au chevet des bébés et un élément essentiel de leur prise en charge, quand on sait que l’environnement représente un déterminant majeur de leur bonne évolution

Quand la musique est bonne...

Céline Grunenwald, interne en Pédiatrie au CHU de Strasbourg (2002)